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Des Innus contre Hydro-Québec : l’ex-PDG Thierry Vandal témoigne au procès

Thierry Vandal, ancien PDG d'Hydro-Québec  3/28/2013

Thierry Vandal, ancien PDG d’Hydro-Québec. (Photo d’archives)

PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / PAUL CHIASSON

Publié le 14 novembre à 16 h 07 HNE

Au sixième jour du procès opposant la Première Nation de Uashat mak Mani-utenam à Hydro-Québec, l’ancien président-directeur général (PDG) Thierry Vandal a témoigné devant la Cour supérieure pour livrer sa version sur l’abandon des discussions qui devaient mener à une entente finale.

Il a longuement expliqué lundi, au palais de justice de Montréal, ce qui a poussé la société d’État à mettre fin aux discussions avec la communauté autochtone de la Côte-Nord en vue d’une entente finale concernant la construction du complexe hydroélectrique de la Romaine sur le territoire traditionnel des Innus.

L’entente de principe de 2014 visait à régler plusieurs dossiers, mais l’apparition de familles dissidentes a créé un obstacle majeur, a martelé à la barre M. Vandal à titre de témoin. Il était donc plus possible pour nous de penser que l’on pouvait avoir une entente qui allait régler l’ensemble du dossier.

Mon implication spécifique concernant les dossiers qui impliquaient la communauté de Uashat mak Mani-utenam était une supervision et une conduite à un très haut niveau. Je n’avais pas une implication directe et soutenue. J’avais une connaissance générale.Une citation deThierry Vandal, ancien PDG d’Hydro-Québec

L’entente de principe acceptée par une mince majorité des Innus de la communauté lors d’un référendum en avril 2014 prévoyait la négociation d’une entente finale afin de régler la question des redevances et des compensations financières à hauteur de 75 millions de dollars de la part d’Hydro-Québec pour la construction d’infrastructures électriques sur son territoire ancestral.

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Or, l’opposition de plusieurs chefs de familles traditionnelles à l’entente de principe après les résultats du référendum a poussé Hydro-Québec à se retirer des discussions, estimant qu’il n’y avait pas d’unanimité au sein des membres de la communauté innue.

À l’époque, le service juridique d’Hydro-Québec et les équipes qui œuvraient avaient établi que la présence de ces familles dissidentes faisait en sorte de rendre la question très risquée pour Hydro-Québec, ce qui créait un obstacle majeur dans le parcours d’une entente finale, a expliqué l’ancien PDG.

Le conseil de bande Takuaikan Uashat mak Mani-utenam estime, de son côté, qu’Hydro-Québec a fait preuve de mauvaise foi institutionnelle dans cette affaire et réclame 15 millions de dollars en dommages et intérêts.

M. Vandal, qui a dirigé la société d’État de 2005 à 2015, a accepté les recommandations du service juridique d’Hydro-Québec, indiquant ne pas avoir trouvé de raison de remettre en question l’évaluation de la situation des avocats de la société d’État.

En tant que PDG à ce moment-là, je m’en suis remis au jugement du service juridique et l’équipe au dossier, qui ont estimé que l’opposition de certains des demandeurs historiques dans le dossier présentait un risque majeur et significatif, a-t-il dit.

Mon expérience en tant que PDG, c’est que la qualité des équipes d’Hydro-Québec était telle qu’elles avaient la capacité d’initier elles-mêmes une stratégie et de proposer une solution. Elles opéraient dans un cadre tout à fait en ligne avec les politiques de l’entreprise. Je n’avais pas à intervenir pour pousser les équipes dans une direction.Une citation deThierry Vandal, ancien PDG d’Hydro-Québec

L’ancien PDG a toutefois souligné que les projets d’Hydro-Québec se font avec la volonté d’avoir des échanges les plus harmonieux possibles avec les communautés autochtones.

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Je sais qu’il y a eu des consultations et des contacts menés sous différentes formes par les équipes de relations avec les communautés autochtones, a-t-il précisé. Ces équipes étaient accompagnées par les gens qui conduisaient les projets, donc le personnel d’ingénierie qui avait la connaissance physique des projets qu’Hydro-Québec voulait réaliser.

Aujourd’hui président d’un fonds d’infrastructure à New York, Thierry Vandal a passé 18 ans chez Hydro-Québec, dont 10 en tant que PDG.

La poursuite a reproché à Hydro-Québec d’avoir décidé seule qu’il n’y avait plus d’entente finale possible avec les Innus. L’entente de principe de 2014, qui prévoyait régler tous les litiges afin de tourner la page, a été torpillée par les familles dissidentes, a rétorqué l’ex-patron.

Durant le procès qui s’étale sur trois semaines, les avocats mèneront d’autres interrogatoires, notamment avec l’ancien PDG Éric Martel, qui a été à la tête d’Hydro-Québec de 2015 à 2020. Le jugement devrait être rendu au début de l’été 2024.

La poursuite mentionne que la réclamation de 15 millions de dollars de dommages et intérêts dans ce litige n’inclut pas les compensations pour la construction d’infrastructures d’Hydro-Québec sur le territoire ancestral de la communauté autochtone.

Hydro-Québec a refusé de commenter le dossier durant le temps des procédures judiciaires.

Source: Espace Autochtones